Le pont venait, non pas de mourir, mais d’entrer, en agonie, usé par le temps. « Les pierres qui étaient tombées ont simplement été déblayées, et depuis ç’a été fait plusieurs fois, sinon l’eau ne pourrait même plus passer du tout... ».
« II faut que le pont soit détruit ou reconstruit », disait M. Lassais. On comprendrait à moins son indignation. Mais il y a tout intérêt à conserver et reconsolider le vieux pont de la « Perche ». A l’heure de la revalorisation des sites et de la protection de l’environnement, sa reconstruction apparaît comme une évidence. Certes, le pont est situé dans un endroit qui n’est pas très en vue, mais les lieux présentent une valeur architecturale, culturelle et historique.
Le pont a été porté à l’inventaire des ouvrages antérieurs à 1750 ; des réparations y ont été pratiquées en 1776. Depuis, aucuns travaux d’importance n’y ont été effectués. Une subvention des deux départements avait été allouée au début des années 1930 pour le chantier : 80 000 F à l’époque, mais l’argent a servi à autre chose... Fallait-il pour autant laisser disparaître cet élément de notre patrimoine ?
L’ingénieur des T.P.E., M. Chapellier, ne le pense pas. Pour lui comme pour Mlle Hochet et les élus des trois communes et des deux départements riverains, il convient d’entreprendre sa restauration.
Dans une note en date du 11 juin 1982 adressée au docteur Menand, président du syndicat intercommunal pour l’aménagement de la rivière l’Aff, M. Chapellier fait notamment état de la sécurité. Pour lui, cette question est à considérer sous deux aspects : Tout d’abord, II convient d’assurer le bon écoulement des eaux, première mission du syndicat et motivation de l’Intervention des riverains à l’amont du pont.
Cet écoulement peut être rétabli et assuré par un curage entre les piles du pont, en prenant soin de ne pas affouiller trop profondément pour éviter d’affaiblir les fondations des piles. Par la réhabilitation et le nettoyage du lit de la rivière à l’amont et à l’aval de l’ouvrage ; par la réfection et la mise en forme des becs de piles afin d’assurer un écoulement dirigé et plus laminaire.
Mais le premier travail - et le plus important - devra consister dans la résection de la végétation abondante, le confortement de la pile ouest et le rejointoiement de la base des voûtes. Dans tous les cas, les travaux à réaliser sont importants et coûteront chers.
Qui paiera ? Un devis estimatif établi en 1997 avoisine les 12 millions de centimes (francs) pour effectuer la restauration totale de l’ouvrage. Les demandes réitérées du président Menand auprès du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation sont restées sans réponses. Restent les collectivités locales ; départements et Région.
Le syndicat intercommunal pour l’aménagement de l’Aff peut compter sur 100 000 F : 20 000 F attribués par le département d’Ille-et-Vilaine ; autant escomptés de celui du Morbihan. La part des communes - 40 000 F - se répartit ainsi : 20 000 F pour Guer ; 10 000 F pour Les Brûlais et 10 000 F de Comblessac. Si l’on s’en tient au devis de 120 000 F, il manque encore 20 000, F qui seront trouvés auprès de la Région.
En 1999, les travaux démarrent ; ils dureront un an. Du bel ouvrage en réalité. Ainsi réhabilité, le pont de la Perche peut encore vivre dans la sérénité pendant les décennies à venir. Du même coup, il n’a pas manqué de s’y créer un parcours de randonnée piétonnier ou équestre. Ce ne sont pas les riverains ni les amis de la nature qui s’en plaindront.