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Le Bois du Loup : de la Seigneurie à la zone de Bivouac
- Devenu aujourd’hui zone de bivouac et d’exercices militaires, le site du bois du loup et son château reflètent bien à eux seuls l’histoire mouvementée de l’implantation du camp militaire sur les landes de Coëtquidan.
- Situé sur la commune d’Augan, le château du bois du Loup (2e du nom) a été construit de 1871 à 1874 par le propriétaire des lieux : le comte Roland des Clos de la Fonchais (Né au bois du loup le 06 octobre 1831, marié le 27 mai 1860 et décédé le 20 mai 1898).
- Son père : Adolphe des Clos de la Fonchais, capitaine au 21e régiment de ligne, dont la famille originaire de Bavière s’était établie en Bretagne au XVIe siècle ; avait acheté le domaine du bois du loup, en 1805.
- (Les travaux débutèrent exactement deux ans avant le début de l’installation du camp militaire).
Les ruines du château du Bois du loup en juin 2008 Le château du Bois du Loup en 1908
- En 1880, pour la création du champ de tir d’artillerie ; 178 hectares du domaine du Bois du Loup furent expropriés, moyennant la somme de 200.000 francs. Ce sont les terres situées autour de la grande bosse, au sud de la capitale de tir.

- Suite à cette première expropriation, le domaine a subi une forte dépréciation. En 1898, par acte de donation de sa mère, Monsieur Raymond de la Fonchais, né au Bois du Loup le 12 janvier 1864 et marié à Antoinette de le RUË de CAN en janvier 1891 ; en devient propriétaire. C’est donc lui qui conduira les négociations. Mais sa mère en gardera l’usufruit.
Une décision ministérielle du 16 avril 1910 ordonne la vente du château, de la chapelle, des terres et des dépendances. Le prix de vente, convenu après d’âpres négociations, s’élève à 900 000 Francs. Les différents matériaux entrant dans sa construction sont mis en vente : cheminées, vitraux, etc… trouveront preneur, mais pas le gros œuvre.

- Après l’accord de vente, la famille devait quitter les lieux en novembre 1910 ; mais elle obtint d’y rester en location jusqu’en juin 1911. La veuve de Roland des Clos comte de la Fonchais, bâtisseur du château : née Blanche le Mintier de Léhélec, a été tenue à l’écart de toutes les négociations de vente. Elle est décédée le 24 décembre 1910 en son château, l’année même de son expropriation. C’est donc un château pratiquement neuf, qui devint ainsi propriété de l’état.

Plan cadastral Napoléonien de 1848
On y distingue le 1er château datant de 1686
1 - Emplacement du premier château du Bois du loup
2 - Celui du manoir de l’Escoublière. (Carte 1920)

- Le domaine du bois du loup est inscrit comme Maison et Métairies nobles aux réformations de 1440 à 1536. Lors de la réformation du domaine royal de Ploërmel en 1679 il est dit : « Seigneurie du bois du loup »

- En l’an 1600, le manoir de l’Escoublière appartenait au Seigneur Christophe RIOU. Sa fille prénommée Madeleine, demoiselle du Bois du Loup, née en 1615 et baptisée à Quédillac le 25 septembre 1621, avait épousé le 2 décembre 1632 Jean LARCHER, écuyer, mort en 1671. Par mariage, Jean LARCHER devint à son tour : Seigneur de l’Escoublière, puis acquit tout le domaine en 1660. Ils eurent douze enfants.

- C’est leur fils Jean-François LARCHER qui, en 1686 construisit le 1er château du Bois du Loup, avec en grande partie, les matériaux du manoir de l’Escoublière. Jean-François LARCHER, Seigneur du Bois du Loup et Colonel de Dragons, baptisé à Augan le 29 juillet 1645 et mort le 10 décembre 1710, avait épousé le 19 mai 1665, Thérèse MEREL demoiselle de Kergal, née en 1647 et morte en 1722.
On remarque que ce manoir était situé à 200 mètres au Sud-Est du premier château. Il en reste aujourd’hui encore, une partie du mur d’enceinte. La famille LARCHER est restée propriétaire du domaine de 1660 à 1732 soit pendant 72 ans.

- Aux LARCHER, succéda la famille de LANGAN jusqu’en 1805, date à laquelle le domaine a été vendu aux de la FONCHAIS.
Jean-Baptiste de LANGAN né à Tréal en 1706, avait épousé le 21 octobre 1731 Jeanne-Michelle LARCHER, née en 1708 et morte veuve à Rennes le 4 février 1764. La famille de LANGAN resta propriétaire du domaine de 1732 à 1805, date de la vente aux de la FONCHAIS ; soit pendant 73 ans.

- En 1805, Adolphe des CLOS de la FONCHAIS né le 9 octobre 1788 à la fosse Hingant, mort au Bois du Loup le 30 novembre 1868 et marié à Marie-Hortense BRILLET de la VILLEMORGUE, morte au Bois du Loup en 1839, devient propriétaire de ce premier château.

Façade Nord du château, années 1890 Ce qu’il en reste aujourd’hui
- Le nouveau château, de style renaissance et d’une superficie de 650 mètres carrés ; présente une façade Sud entièrement en pierres de taille. La façade Nord (photos ci-dessus) est mixte : encadrement des ouvertures en granit et murs en schiste pourpre. L’aménagement intérieur est excellent et le rez-de-chaussée est entièrement lambrissé.
Façade Est, années 1890. Au premier plan on peut voir
un bassin d’agrément ; récupéré par le service du Génie,
il est actuellement au camp bâti, devant son bâtiment
Façade Ouest : juin 2008
- Peu après l’expropriation, Monsieur le chanoine Eric de la Fonchais, frère cadet de Raymond, comte de la Fonchais ; fit bâtir un nouveau château à un kilomètre à l’est d’Augan, sur la route de ce bourg à Guer : c’est le château des Landérieux. L’autel de la chapelle du château du bois du loup, qui était en bois sculpté et polychromé, y a été transporté.

- La famille « Des Clos de la Fonchais », aura donc vécu 37 ans dans ce nouveau château et un peu moins de 67 ans dans l’ancien. Mais de 1878, date d’installation du champ de tir permanent ; à 1911 année de leur départ : soit pendant 33 ans, ils vécurent dangereusement ; leur château étant situé à moins de 500m de la limite sud du champ de tir.

Vue aérienne, juin 2006. La tour sud-Est a disparu Photo prise le 18 juillet 1938 par la compagnie d’aérostiers
de Toulouse qui séjournait alors au château du Bois du loup
- Ce château, occupé par l’autorité militaire de juin 1911 à juin 1940 soit pendant 29 ans ; a été régulièrement entretenu. Il accueillait pendant les grandes manœuvres, les généraux commandants les divisions et leurs état-majors.
- De 1935 à 1938, il sert de cantonnement à la compagnie d’aérostiers de Toulouse. Puis, nous le verrons plus loin, aux Espagnols et aux Polonais ; jusqu’à l’occupation allemande. Ils le laissèrent tous en bon état.

- Le château fut détruit par les américains lors de leur séjour au camp de Coëtquidan de janvier à juin 1945. Ces mitraillages massifs de la façade et bombardements volontaires de la tour Sud-Est (qui s’est effondrée par la suite et dont les pierres de granit ont servi à renforcer la digue de l’étang de la Prée-neuve), ont été l’objet d’un film. Ce film de propagande anti-nazie fut projeté dans les écoles de Ploërmel et au-delà pour sensibiliser la population sur les prétendues exactions allemandes dans la région en général et sur le patrimoine local en particulier, pendant l’occupation du camp.

Panzerkampfwagen VI - PzKpfw Tiger I - Chars tigre 1
manœuvrant devant le château du Bois du Loup en 1943
Survolez l’image avec la souris pour voir le même site en 2011 !
Chapelle et château, dans les années 1910
- L’armée allemande occupa le camp de Coëtquidan de juin 1940 à juin 1944. Situé à égale distance de la Manche et de l’Atlantique, le camp leur servait surtout de base d’entraînement et de repos. Ils délaissèrent le château. Comme en témoigne cette photo prise en 1943 où l’on voit des chars Tigre manœuvrer ; bien qu’abandonné, il était encore en bon état. Voilà, rapidement survolée l’histoire de ces châteaux ; voyons maintenant celle de la zone de bivouac !
Bâtiments - 7 en tout - construits par les
républicains Espagnols de mai à août 1939
Site du bois du loup : au 1er plan les bâtiments en dur ;
en arrière plan : la zone de bivouac devant les ruines du château
- Le bivouac en dur, à été construit de mai à août 1939 ; par des Espagnols. A cette époque, les Républicains fuyaient par milliers le régime du général FRANCO. Le détachement de Coëtquidan (un millier d’hommes environ) a été réceptionné à la frontière franco-espagnole, au Col du PERTHUS. Il est arrivé en gare de Guer le 1er mai 1939 puis dirigé à pied vers le C.R.E. (centre de regroupement des étrangers) de Coëtquidan, situé au Bois du Loup ; un des 135 C.R.E. créés en France.

- Le camp, disponible à cette époque, permit le regroupement de ce détachement tout autour du château du Bois du Loup. Un immense camp de toile, entouré de barbelés fut alors érigé. Pensant que leur séjour serait long, le commandement du camp les employa à la construction de bâtiments à l’Est du château (5 pour la troupe et 2 plus petits pour les cadres). Par la suite ils participèrent à l’entretien de la voirie.

- Ces baraquements en « dur » de forme allongée, servent aujourd’hui aux élèves officiers pendant les exercices « Mili », ou à l’hébergement des troupes de passage, en séjour en camp. Ces bâtiments ont été construits avec les pierres récupérées sur les 37 maisons du village du Bois du Loup, village exproprié en 1908.

- Les espagnols, très nombreux mais dépourvus de moyens lourds, acheminaient les matériaux au moyen d’une chaîne humaine. Mais ils ne restèrent en tout que quatre mois. En effet, le 3 septembre 1939 ; à la déclaration de guerre, la plupart quitte la région (retour au pays ou enrôlement dans l’armée française).
Quelques uns seulement restent travailler dans les fermes ou carrières alentours. Durant leur séjour, hormis quelques faits de braconnage ; ils firent peu parler d’eux.

- Aux Espagnols succèdent les Polonais. Les premiers polonais arrivent à Coëtquidan le 20 septembre 1939 ; et les derniers en partent le 17 juin 1940... Un monument commémoratif a été inauguré sur le site du Bois du Loup le jeudi 15 mai 1997.
- Voir page spéciale “Les Polonais à Coëtquidan” sur ce même site : Cliquez !


Diaporama complémentaire sur le château du Bois du Loup de 1900 à nos jours : Cliquez !

- Témoin de toutes ces époques, ce chêne pluricentenaire, le plus gros du camp de Coëtquidan, situé au bord de l’étang de Passonne ; à l’Est du Bois du Loup …
- Malheureusement, quinze jours à peine après l’avoir photographié, je l’ai retrouvé dans l’étang. Il n’avait pas résisté à la tempête de la nuit du 3 novembre 1999.
- Telle est l’histoire de la Seigneurie du « Bois du loup »… devenue zone de Bivouac ; par la création puis l’extension du camp militaire.

La prairie du bois du loup : Une nature riche et diversifiée
Panneau “Biodiversité” devant le château du Bois du Loup. Déplacer la souris sur la photo pour zoomer sur le texte explicatif !

Placé sur le site du bois du Loup, ce panneau a été inauguré le 4 juin 2015 par M. Christian Bayou, délégué interrégional de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage en Bretagne-Pays de Loire, le général Christophe de Saint-Chamas, dirigeant la zone de défense Ouest, Alexandra Baudart, chargée de la protection de l’environnement à Coët et le général Antoine Windeck, commandant les Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan.
Ce panneau est le troisième (*) installé sur le camp militaire à l’entrée des zones remarquables pour les biotopes qu’elles présentent et où se développe une biodiversité, faunistique et floristique, rare voire unique en Bretagne.
(*) Le 1er panneau est installé au nord et en contre-bas de la zone de saut (Tourbières) et le 2nd à Pratzen devant le ruisseau du Vau Lorient “Le Goldbach” (Azuré des mouillères - Papillon). Voir les pages concernées sur ce même site !.

Suite de l’histoire du domaine du Bois du loup : Cliquer ici !    

Rappel : L’accès au camp militaire de Coëtquidan, est interdit !
Photographies, textes et réalisation Web :   Jean-Charles CAILLARD   - Mise à jour : 16 septembre 2023 -

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