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L’affaire “MARQUARDT” et les “Otages de Coëtquidan” : 31 octobre 1941
Mise à jour : 20 septembre 2013
Le 31 octobre 1941 vers 21 h, on découvre sur le terrain militaire de Coëtquidan au pied d’un mirador, le corps d’un officier allemand ; le capitaine MARQUARDT. Ce capitaine, était parti à la chasse aux sangliers en compagnie du général commandant le camp et d’un sous-officier. Ces derniers constatent que le capitaine a été tué par des chevrotines. Ils procèdent immédiatement à l’enlèvement du corps. Au grand dam du commandant de gendarmerie de Vannes (1), convoqué sur les lieux et qui ne put procéder à aucune investigation. Comment les choses se sont-elles passées réellement ?  Qui l’a tué ? Seuls, le ou les auteurs le savent. D’autres certainement sont dans la confidence. Ils se sont tus. Il ne faut donc pas chercher à savoir.
Cet incident, aux lourdes conséquences, eut lieu au beau milieu du camp au lieu-dit “Ville Regnaud”.
Il intervient après celui de BORDEAUX où le 21 octobre 1941, un officier allemand, Hans REIMERS a été tué par un résistant communiste (50 otages sont fusillés) et celui de NANTES, le lundi 20 octobre 1941, où un autre militant communiste abat en pleine rue du Roi Albert à Nantes, le FeldKommandant Karl HOTZ, commandant de la place. (48 otages seront fusillés le 22 octobre 1941 ; 4 otages au Mont Valérien, 17 à Nantes et 27 à Châteaubriant dont Guy MOQUET).

Carte du camp de Coëtquidan en 1939. Le mirador de chasse était
situé au centre du cercle, à l’intersection du chemin et du ruisseau
du Moulinet, angle Ouest, commune de Campénéac. La route
actuelle qui passe en limite Nord du cercle, n’existait pas encore.

Ci-dessous, les ferrures de fixation de la plate-forme du mirador.

Lieu de l’attentat sur la carte du camp
Ferrures ayant fixé la plateforme du mirador
Les ordres de la chancellerie de Berlin étant d’exécuter au moins cent otages par Allemand tué, il s’en suivit une rafle importante dans la région.
10 communes sur deux départements ont été concernés…
Plus de 200 personnes ont été arrêtées lors d’une 1re rafle, au matin du 1er Novembre, jour de la Toussaint.
Emmenées au Camp de Coëtquidan pour y être interrogées, beaucoup d’entre elles sont relâchées dans les heures suivantes ; 58 sont hélas gardées et incarcérées le 3 à la Maison d’Arrêt de Vannes.
Une 2e rafle, plus ciblée, intervient le 6 au domicile des personnes. 26 sont directement emmenées à la Prison de Vannes.
Le dernier otage fût arrêté le 11 Novembre, soit cinq jours après la seconde rafle.
Ce sont donc en tout 85 otages qui ont été incarcérés à l’Hôtel NAZARETH, prison de Vannes.

85 Otages : 10 communes - 2 départements  
C o m m u n e s 03/11 06/11 11/11 Total Hôtel Nazareth - Vannes
Tréhorenteuc 1 1
Campénéac 12 9 21
Augan 12 6 18
Monteneuf 1 1
Porcaro 7 1 8
Guer 10 4 1 15
St Malo de Beignon 1 2 3
Beignon 9 3 12
Plélan le grand 2 2
PAIMPONT 2 1 3
Autre 1 1
T O T A L : 58 85
Dates, lieux des prises d’otages et nombre de prisonniers incarcérés. Porte d’entrée de la maison d’arrêt
de Vannes dite : Hôtel Nazareth
Sur 85 otages, les 77 prisonniers de Vannes sont heureusement libérés dans les jours qui suivent ; 18 jours d’incarcération pour le dernier d’entre eux, M. Eugène AMICE de BEIGNON. (Voir page Mouvements à la prison)
Mentionnons également que 7 des 85 otages, condamnés par le Tribunal Militaire allemand pour détention d’armes, furent transférés à la Prison de St-Brieuc. Leur libération interviendra à expiration de leur peine. Le dernier otage : Pierre ALLAIRE 59 ans - Maire de BEIGNON 1931-1935 - fût libéré le 18 Mai 1942 après 193 jours passés sous les verrous.
André Meunier
Monsieur André MEUNIER, 85e et dernier otage, a été arrêté (sur dénonciation) le 11 novembre 1941 pour détention d’armes. Il habitait la ferme de Tré l’Étang, à 300 m au sud de la chapelle Jeanne d’Arc.
Après une perquisition à son domicile, il avait été trouvé dans son jardin plusieurs armes et munitions.
Incarcéré à Vannes le soir même, il a été immédiatement placé en cellule d’isolement où il souffrira deux heures par jour.
Il fût exécuté au polygone de Vannes en Saint-Avé, le 14 mars 1942 à 17 heures, après 123 jours d’enfer.
Reconnu mort pour la France le 31 janvier 1945 ; son nom est inscrit sur le monument aux morts à GUER, parmi les victimes civiles.

Monuments aux morts de Guer -->

Monument aux morts de GUER
(1) Lors d’une reconstitution, le commandant de gendarmerie du Morbihan Maurice GUILLAUDOT, réussit à convaincre l’occupant de la probabilité d’un accident de chasse ; de fait il a certainement contribué à la libération des otages. Arrêté par la gestapo le 10 décembre 1943 pour actes de résistance, il sera libéré du camp de Neuengamme en avril 1945.

Monsieur Georges PÉCHARD, un des otages Guérois, m’avait raconté par le menu cet épisode marquant de sa vie. Je l’avais rencontré dès 1994 à la maison de retraite de GUER où il était pensionnaire ; il y est décédé le 8 juin 2004.

“ J’ai été arrêté sur les marches de l’Église de Guer à la sortie de vêpres le dimanche 1er novembre ; plusieurs camarades s’échappèrent mais moi après avoir hésité, je me dis qu’il valait mieux ne pas se sauver. Il leur en fallait 8 ce jour là ; 8 à Guer.
Après un regroupement dans un baraquement du camp de Coëtquidan, nous avons été conduit dès le lendemain à la prison de Vannes pour y être interrogés.
Après deux jours d’interrogatoires, je fus conduit dans un ancien collège ; rue de la loi. Là, nous avons été assez bien traités.
Il terminait ainsi : libéré le 14 novembre, après onze jours de détention, nous prîmes le car pour Guer. Je retrouvai alors avec bonheur ma famille et ai repris le travail à la ferme avec mon frère. C’est mon neveu qui la tient actuellement ”.
M. Péchard eut connaissance des noms des auteurs des faits peu de temps avant sa mort ; il semblait n’en avoir aucune rancœur.

M. Georges Péchard
 
Page de couverture du livre : Les otages à Coëtquidan
Cette prise d’otages et ses conséquences ont été l’objet d’un livre ; intéressant non seulement par le sujet traité mais surtout par la manière dont il l’a été..

Voici son histoire : Fin 1992, M. Eugène CROSNIER de Vannes († le 19 février 1996), originaire de BEIGNON, retrouve en mettant de l’ordre dans son grenier, un menu daté du 3 février 1946. Y est écrit à la plume « Amicale des Otages de Coëtquidan » et un dessin représentant le porche de la prison de Vannes.
Après en avoir parlé à différentes autorités locales, il s’adresse à Monsieur Michel BOISSON, Instituteur spécialisé de la maison d’arrêt de Vannes.
En 1993, l’idée d’un livre est lancée par l’instituteur. Il décide d’associer à sa rédaction, les détenus volontaires de la maison d’arrêt.
Ce sont donc en tout 50 « Prisonniers », répartis sur quatre années scolaires de 1993 à 1997, qui participeront ainsi à l’écriture d’une histoire d’autres « Prisonniers » .

Paru en Février 1998 et présenté officiellement en mairie de PORCARO le Dimanche 17 mai 1998 en présence des auteurs et de quelques otages ; ce livre richement documenté, a demandé presque cinq années de recherches, d’enquêtes et d’interviews.
Soutenu par toutes les instances départementales, il réunit les très nombreux témoignages de tous ceux qui : otages, familles ou proches, ont été concerné par cette sombre affaire.

Édition : l i b é v a s i o n
- Tout ce qui fait de notre détention un moyen d’évasion -
École Maison d’Arrêt - 12 place Nazareth - 56017 Vannes
Témoignage de Nola de Raguenel dont le château est mitoyen du camp militaire de Coëtquidan : Document .pdf Cliquer !

La Bretagne fut libérée à l’été 1944 et Guer, le 3 août. Le camp de Coëtquidan lui, avait été vidé de l’occupant Allemand fin juin. Différentes forces de la résistance y stationnèrent et principalement les F.T.P. du maquis de PAINGRAIN situé à 12 km au Sud, dès le 4 août. Puis ce sont les troupes Françaises du général André BORGNIS-DESBORDES, qui vinrent début octobre pour s’instruire et se réorganiser et enfin les Américains en janvier 1945. (1)

Le 18 mai de cette même année, une annexe du camp de Prisonniers de Guerre Allemands (P.G.A.) de Rennes Saint-Jacques - camp N° 1102 - fut créée à Coëtquidan. Ce camp, ouvert jusqu’en 1947, en accueillait environ 2200. Il a été commandé successivement par le capitaine Claudet et le capitaine Louis Giguet, tous deux français.

Capitaine Louis Giguet
Capitaine Louis Giguet
Témoins des temps d’occupation à Coëtquidan, ces très rares objets retrouvés autour du camp
Manuel de topographie Français - Allemand Sac de farine de l’Armée de terre Allemande
Intérieur d’un sac de farine en toile de lin de 1,20m sur 0,70m
provenant d’une minoterie des environs de Coëtquidan.
H.Vpfl. : Heers Verpflenung - Armée de terre Ravitaillement.

A gauche, manuel de topographie Français de février 1934,
traduit en Allemand en août 1940.

De la présence Allemande à Coëtquidan on peut voir également dans la partie Sud du camp militaire, 5 Blockhaus, tous construits en 1941 (dont le plus important est celui de la côte de la Rangers) et qui constituaient une véritable ligne de défense face au Nord. Vous pouvez visualiser l’ensemble sur la page “ Monuments du camp national ” sur ce même site.
(1) Histoire du maquis de PAINGRAIN et de la Cie Le Tallec, par ceux qui l’ont vécu : Document .pdf Cliquer !
Autre évocation du maquis par : Jules Binard, André Le Gal et André Robert. Document .pdf Cliquer !
Pour être complet, tout en n’ayant pas de liens directs avec le camp militaire, il me faut citer une autre affaire qui a secoué Guer et ses environs, pendant l’occupation. Il s’agit du démantèlement du réseau OSCAR qui avait son Q.G. au manoir Saint Gurval et qui, après avoir bénéficié d’un largage de moyens militaires le 20 octobre 1943, fut dénoncé. Les conséquences ont été dramatiques pour les maquisards du Bois Jan et les habitants du Q.G.. Ayant recueilli de nombreux témoignages de ces faits, je préfère, plutôt que de réécrire l’histoire, laisser la parole à Bernard LE GALL qui a relaté ces faits avec précision.
La Famille du BOUËXIC - Le manoir Saint Gurval et le réseau OSCAR : Document .pdf Cliquer !
Autre évocation de cette histoire, texte relevé sur la stèle devant la monument aux morts de Comblessac

1914 - 1917 : Autre période “Allemande” à Coëtquidan
 
Les allemands étaient déjà venus à Coëtquidan. Mais en tant que prisonniers.

A l’automne 1914, plusieurs milliers débarquèrent en gare de GUER pour être emmenés (à pied comme il était d’usage à l’époque), sur le camp militaire. D’abord logés sous des tentes marabouts au centre du camp, ils le furent ensuite dans des baraquements en bois (qu’ils construisirent eux-mêmes) ; situés entre le Lycée Brocéliande et l’actuel Centre Médical de Garnison. (voir carte ci-contre)

Ils furent employés au début dans la construction de routes (notamment celle du centre médical au vieux camp) puis par la suite dans les fermes alentours.
Lorsque les américains prirent possession du camp le 15 août 1917 (ils restèrent jusqu’au 30 juin 1919) tous les prisonniers allemands avaient déjà été dispersés.

Ci-dessous, une sélection de 36 cartes postales de cette époque ; ce qui est frappant à son visionnage, c’est le comportement conciliant des prisonniers et l’attitude débonnaire des gardes. Ces photos et ces postures, contrastent sérieusement avec ce que l’on a pu lire, voir et entendre sur les camps Allemands de la guerre 1939-1945.

Cantonnement des prisonniers Allemands en 1915
      Cantonnement des prisonniers

Article du journal Ouest-Eclair paru le 31 octobre 1914, illustrant la vie des prisonniers Allemands au camp. Cliquer !
Diaporama de 36 cartes postales de Prisonniers de Guerre Allemands à Coëtquidan de 1914 à 1917 : Cliquer !
Planche au format A4 .pdf de quelques photos de chars Tigre sur le camp de Coëtquidan : Cliquer !

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