Le général De Gaulle institue l’ordre de la Libération le 16 novembre 1940 afin de « récompenser les personnes ou collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de la libération de la France et de son Empire ». Chez les Compagnons, seules comptent la valeur et la qualité exceptionnelle des services rendus.
Les Compagnons incarnent tout d’abord la France qui s’est levée. Une France venant de tous horizons. Hommes ou femmes, civils ou militaires, paysans ou citadins, hommes politiques, écrivains, ecclésiastiques, médecins se sont engagés aux côtés des soldats sur les champs de batailles.
Les Compagnons, ce sont également des alliés se battant pour la France et contribuant à sa libération. A l’instar de Winston Churchill, 73 étrangers ou français nés étrangers sont ainsi devenus à jamais compagnons de la Libération française.
Les Compagnons, représentent enfin, au-delà des actes héroïques, des vies entières dédiées au service de la France ou offertes à la France dès le plus jeune âge comme celle de Mathurin Henrio « petite grande âme » qui, à 14 ans, est abattu par la Gestapo ici même, dans le Morbihan.
Les Compagnons de la Libération ont porté haut et avec ardeur les couleurs de la France à travers le monde, là où le combat l’exigeait. Illustres ou méconnus, ils ont été engagés sur tous les fronts de la résistance intérieure ou des forces françaises libres, de Londres à Damas, du Vercors à Paris en passant par les camps de déportation. Cherchant à libérer la France de l’envahisseur, ils ont, en Normandie avec le commando Kieffer ou en Provence avec le Lieutenant Germain de la 13e demi-brigade de légion étrangère, su reprendre pied sur la terre de France avec la ferme intention de reconquérir ce sol sacré que beaucoup avaient dû quitter, l’âme lourde, quelques années auparavant.
L’ordre est forclos depuis le 23 janvier 1946 une fois son objectif constitutif atteint : parvenir à la libération de la France. Cependant, l’œuvre des Compagnons a perduré, à travers l’action des Compagnons vivants depuis 1940, mais aussi du fait de la mémoire entretenue de ceux et celles qui se sont sacrifiées. L’esprit des Compagnons de la Libération demeure ainsi vivant, incarné notamment par les quatre derniers Compagnons en vie, mais aussi par les familles des Compagnons et par ceux et celles qui, au quotidien, contribuent à entretenir les valeurs de l’Ordre.
La promotion nouvelle de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr s’inscrit ce soir dans ce devoir de mémoire. Par l’attribution de ce nom, elle se voit octroyer la responsabilité de faire perdurer les valeurs des Compagnons, faites d’ardeur, d’honneur, de sacrifice et d’espoir. Elle s’engage, au service de la France, à porter ce message si précieux d’unité nationale et d’indépendance indispensable aux victoires d’aujourd’hui et de demain, maintenant et ce jusqu’au dernier souffle de la promotion.