Avec ces 85 000 combattants, je vais devoir combattre environ 300 000 soldats italiens. Mes troupes françaises sont excellentes. Les éclaireurs-skieurs, à la résistance physique et aux qualités manœuvrières sans pareille, sont l’élite des troupes alpines. Les réservistes, tous des montagnards endurcis, vont défendre coûte que coûte mes cols et mes vallées, nos fermes et nos villages.
Le 17 juin, de Nice à Chamonix, les Italiens passent à l’offensive.
J’ai vu des combats féroces. Nombreux sont ceux qui mériteraient que je relate leurs exploits mais je préfère laisser la mémoire de deux d’entre eux les évoquer.
Je suis le lieutenant Etienne MIGUET, chef de section de tir au 154e régiment d’artillerie de position. Le 20 juin les Italiens ouvrent le feu sur nos positions. La météo exécrable m’empêche de régler mes tirs. Je dois faire taire cette artillerie italienne du fort de Chaberton, surnommé le « Cuirassé des Nuages » culminant à plus de 3000m d’altitude. Le 21 juin mes canons touchent 3 des 8 tourelles ennemies. En adaptant mes tables de tir, je parviens à neutraliser le fort.
Je suis le sous-lieutenant Charles GROS, chef de section au 96e bataillon alpin de forteresse. Ce même 20 juin, l’ennemi tente de forcer le poste frontière fortifié de Pont Saint-Louis. Nous sommes 9 contre plusieurs centaines d’italiens. 4 jours durant nous subissons les assauts incessants de l’ennemi. A la mitrailleuse et à la grenade, je contiens la 5e division d’infanterie italienne jusqu’à apprendre le 25 juin que l’armistice est signée. Malgré cela, je ferai tenir la position 2 jours encore.
Je suis l’armée des Alpes. Mes soldats sont invaincus et ont infligé à Mussolini une sévère défaite. Plus de 6000 Italiens sont tués, blessés ou prisonniers. Je suis fière de la rage de vaincre et de la ténacité de mes 254 français, morts au combat pour défendre leur Patrie, avec honneur et dévouement.