Lucien Osty alias Jean Lartéguy est né à Maisons-Alfort le 5 septembre 1920. Après une enfance entre la Lozère et la région parisienne, il passe une licence d’histoire à Toulouse et devient secrétaire de l’historien Joseph Calmette.

Engagé au titre du 155e dépôt d’infanterie, il est envoyé à l’école d’aspirant de réserve au camp de la Courtine d’où il sort en mai 1940. Démobilisé en juillet 1940, il refuse l’humiliation de la défaite et s’évade de France par l’Espagne en mars 1942 où il est interné pendant neuf mois. Par la suite, il rejoint le Maroc puis l’Algérie et se trouve affecté à l’école des élèves aspirants de Cherchell en novembre 1943. Nommé aspirant en mars 1944, il rejoint les Commandos d’Afrique de la 1re Armée du Général de Lattre de Tassigny. A la suite du débarquement de Provence, il combat dans les Vosges en octobre 1944 à la tête de la section de déminage du Commando de commandement.
Après avoir franchi le Rhin c’est sur les bords du Lac de Constance qu’il apprend que la guerre est terminée. Il est nommé sous-lieutenant en décembre 1945. Démobilisé, il est nommé lieutenant de réserve en 1949.

En 1951, il est de nouveau admis à sa demande dans l’armée d’active pour participer à la formation du bataillon français de l’organisation des nations unies destiné à intervenir en Corée. Débarqué à Fusan en Corée le 22 août 1951, il participe en tant que chef de section d’infanterie, à tous les combats du Bataillon Français. A la mi-octobre, lors de la bataille de Crève-Cœur, et « après avoir donné par deux fois l’assaut d’une position clé que le commandement allié désespérait de prendre », il est grièvement blessé à la cuisse gauche. Il sera cité à l’ordre du corps d’armée pour son comportement exemplaire à la tête de sa section.

Il est rapatrié en France, puis, après une période de convalescence, il est démobilisé en mai 1952. Il s’installe alors à Paris et s’engage dans la réserve au sein de l’état-major de la place de Paris. Après une période de formation au 5e régiment d’infanterie, il est promu capitaine en janvier 1956. Il est rayé des contrôles le 1er janvier 1969.

Après son départ de l’institution militaire, Jean Lartéguy s’oriente vers le journalisme. Il devient correspondant de guerre, notamment pour Paris Match, et couvre les conflits d’Indochine et d’Algérie mais également de Palestine ou encore du Vietnam. Il obtient en 1955 le prix Albert-Londres, une récompense prestigieuse dans le monde du journalisme. Jean Lartéguy est également l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages traduits dans une douzaine de langues. Certains de ses récits ont connu un immense succès, tels : Les Mercenaires, Les Centurions ou Les Prétoriens où l’on suit un groupe d’officiers depuis les camps de rééducation Vietminh jusqu’aux djebels algériens, menés par la figure charismatique de Pierre Raspéguy, double romanesque de Marcel Bigeard. Le roman Les Centurions fut d’ailleurs adapté au cinéma avec Anthony Quinn et Alain Delon en 1966.

Jean Lartéguy s’éteint le 23 février 2011. Une messe est célébrée en la chapelle Saint-Louis des Invalides le 2 mars 2011. Il est inhumé au cimetière de Vaugirard à Paris. Chevalier de la Légion d’honneur, il est titulaire de trois citations, dont une à l’ordre du corps d’armée et deux à l’ordre de la brigade.

Le choix du capitaine Lartéguy comme parrain de la promotion 2016-2017 du 4e bataillon de l’école spéciale militaire de Saint Cyr s’impose pour deux raisons. Tout d’abord, la richesse de son parcours militaire : aspirant à La Courtine puis à Cherchell en passant par la détention en Espagne ainsi que ses faits d’armes pendant la campagne de libération de la France et sa participation à la bataille de Crève-coeur en Corée offrent un relief et une densité d’expérience propres à susciter l’édification de jeunes élèves-officiers. Par ailleurs, ses qualités d’écrivain et son témoignage de reporter de guerre au-delà de son engagement militaire revêtent un sens et une acuité très appropriés au regard de la diversité des origines et des cursus des élèves-officiers servant au 4e bataillon.