Revenir à la page précédente : Cliquer Biographie du parrain de la promotion, baptisée le 24 juin 2010 à Montpellier
Promotion E.M.S.A.M.  N° 26   “ LALLIER DU COUDRAY ”   2009 - 2011
ÉCOLE MILITAIRE SUPÉRIEURE D’ADMINISTRATION ET DE MANAGEMENT
Insigne promotion : INTENDANT GENERAL LALLIER DU COUDRAY

XXVIe PROMOTION DES ÉLÈVES COMMISSAIRES *

INTENDANT GÉNÉRAL LALLIER DU COUDRAY
(1862-1959)

* Cette 26e promotion, dernière incorporée à Montpellier,
a effectué sa scolarité à Coëtquidan au sein de l’E.A.M..

Insigne homologué par le Service Historique de la Défense sous le N° G.5242 - Écu parti de gueules et d’argent chargé d’une épée d’intendant militaire d’argent gardé d’or à la lame chargé du grade et du nom en capitales de sable “IG LALLIER DU COUDRAY”.
Accompagné à dextre d’une ancre de marine de sable mouvant de la lame adextrée d’une étoile chérifienne sinople ; à senestre d’une feuille d’acanthe d’argent. Broché en chef dextre du crachat de la croix de guerre. En pointe brochant, plaque de grand officier de la Légion d’Honneur.

INTENDANT GENERAL LALLIER DU COUDRAY
Né le 30 septembre 1862 à Orléans, Joseph Lallier du Coudray obtient après son baccalauréat une licence de Droit, avant de s’engager en tant que commis auxiliaire dans les armées en septembre 1880.
Après avoir obtenu la place de major au concours, il devient le 1er novembre 1883 élève commissaire des « troupes de la marine » - relevant à cette époque du ministère « de la Marine et des Colonies » - dont l’infanterie coloniale puis l’infanterie de marine seront héritières.
Après avoir travaillé dans les services à Brest et Lorient, il effectue sa première campagne de 1886 à 1888, en temps de paix au Sénégal. A cette occasion ses supérieurs disent déjà de lui qu’il sert de manière très laborieuse et « laisse des regrets dans toutes les administrations qu’il quitte » (1), impression confirmée par la suite dans ses affectations à Saint Pierre et Miquelon, Paris ou Dahomey. A ce titre, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur, en 1896.

Administrateur militaire dévoué, précieux collaborateur de Galliéni à Madagascar.
C’est en 1897, en tant que commissaire adjoint, que Joseph Lallier du Coudray est affecté pendant quatre ans à Madagascar, île où ses talents d’administrateur seront véritablement reconnus.
Auprès du Général Galliéni, il est nommé premier directeur des affaires civiles au moment où celles-ci sont disjointes des affaires militaires. Il s’y consacre pleinement, si bien que le Général le propose au grade d’officier de la Légion d’Honneur en le présentant comme « un collaborateur des plus précieux ».
Dans ce « pays neuf et encore incomplètement pacifié », il réussit la prouesse de mettre en place un système fiscal performant et d’établir une comptabilité exacte ; Galliéni lui reconnaît les « heureux résultats acquis relativement aux finances.» (2)

Aux côté des troupes, il rejoint l’intendance militaire et dirige l’intendance de la Ve armée aux débuts de la Grande Guerre, avec un soin constant du bien être des soldats.
Il exerce ses fonctions d’intendant aux côtés des troupes de juillet 1905 à septembre 1907 ; c’est à son retour en métropole en 1908 qu’il choisit de rejoindre l’intendance militaire.
Il devient alors membre du comité technique de l’intendance ainsi que directeur du service de l’intendance du corps d’armée des troupes coloniales et est nommé Intendant Général le 23 mars 1912.
Lorsque débute la Grande Guerre, il est affecté à la Ve Armée et est hautement apprécié au front de France d’août 1914 à août 1915 où il est remarqué pour « sa préoccupation constante du bien être de la troupe, ainsi que de la prompte et judicieuse expédition des affaires » (3).

Appelé par Lyautey, il excelle dans la gestion de l’effort de guerre au Maroc.
Sa réputation le précédant, le général Lyautey, se rappelant « l’oeuvre d’organisation qu’il avait accomplie dans le même poste auprès du général Galliéni » (4), le demande en 1915, au poste de secrétaire général du protectorat à la Résidence Générale de France à Rabat (Maroc).
Dans le contexte très difficile de la prolongation de la guerre imposant une activité intense, il est confronté à deux problèmes majeurs : la pénurie de personnel spécialisé et les difficultés croissantes d’approvisionnement.
Malgré cela, il s’impose par son autorité, sa bienveillance, sa droiture et son esprit de conciliation ainsi que par son sens particulier des questions financières ; le travail accompli lui vaut l’estime de tous.
Le 11 juin 1917, il sera cité à l’ordre de la Ve Armée, au titre de la Division des Étapes et des Services : « A ses services antérieurs aux colonies, a ajouté de nouveaux titres par l’esprit d’initiative et d’organisation avec lesquels il a su diriger le service de l’intendance d’une armée, et obtenir de son personnel le maximum de rendement. »
A son tour, le Général Lyautey reconnaîtra ses mérites, en mentionnant sur sa notation de 1917 que « si le Maroc a puissamment servi la métropole au cours de cette guerre par la contribution de ses ressources de tout ordre, c’est à lui, en grande partie qu’il faut en attribuer les mérites. Ce sont de vrais services de guerre qu’il a rendus ici et il mérite une haute récompense. » A ce titre, il sera fait Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1918.
En 1919, il est placé à disposition du ministre de la guerre et admis au cadre de réserve.
Âgé de 77 ans au début de la Seconde Guerre Mondiale, ses services ne sont pas requis pour le soutien des armées engagées contre l’Allemagne. Il décède à Marseille le 29 novembre 1959.

Campagnes :

- Sénégal : 1886-1888
- St Pierre et Miquelon : 1888-1890
- Dahomey : 1894-1895
- Madagascar : 1897-1901
- Indochine : 1905-1907
- Contre l’Allemagne : 1914-1915 (zone de front)
- Maroc : 1915-1919
- Contre l’Allemagne : 1919 (intérieur)

Décorations :
Françaises :
- Grand Officier de la Légion d’Honneur
- Croix de Guerre 1914-1918 avec palme
- Officier d’Académie
- Médaille coloniale (agrafe Madagascar)
Etrangères :
- Commandeur de l’étoile noire du Bénin
- Commandeur de l’étoile d’Anjouan (Commores)
- Officier de l’ordre royal du Cambodge
- Officier du dragon de l’Annam (Indochine)
- Grand Croix de l’ordre d’Isabelle la Catholique (Espagne)
- Grand Croix de l’ordre du Nichan Iftikhar (Tunisie)
- Grand Croix de l’ordre du Ouissam Alaouite (Maroc)
Conclusion :
Outre les qualités indéniables d’administrateur et d’officier qui lui ont toujours été reconnues, l’Intendant Général Lallier du Coudray a effectué un parcours remarquable dans une période de multiples conflits et de profondes réformes.
Au delà de ses éminents mérites d’intendant, il a en effet directement participé à la naissance d’un esprit de coopération et d’estime entre les troupes métropolitaines et les troupes coloniales, alors que dès 1905 était née une controverse à l’idée récurrente d’une fusion des deux corps. Dès lors, la question évolua dans un climat beaucoup plus serein et une collaboration des deux services naquit (5).
Le 1er janvier 1966, quelques années après sa mort, le corps de l’intendance militaire des troupes de marine fut dissout et son personnel intégré dans un corps unique de l’intendance militaire.
Son intelligence de situation, sa précision et son esprit de décision peuvent ainsi servir de modèle à chacun des membres de notre promotion, particulièrement dans le nouveau contexte du Service du Commissariat des Armées.
En effet, durant sa carrière, il n’a eu de cesse de participer au rayonnement de la France, tant en Métropole qu’en outre-mer, tout en illustrant parfaitement le lien essentiel entre une bonne administration et gestion des finances avec le soutien opérationnel.
Ses postes d’administrateur central ne l’éloignèrent jamais des besoins des troupes ; alors que les commissaires quittent aujourd’hui les régiments pour les groupements de soutien des bases de défense, il nous apparaît ainsi comme un exemple à suivre.
Enfin, son parcours varié et sans faute au service de la France a incité notre promotion à le choisir comme parrain de promotion.

1 - Commentaire de la notation du 24 janvier 1888.
2 - Lettre du 24 mai 1901 du Général Galliéni au Ministre des colonies
3 - Général Azibert, relevé de notes 1915
4 - Général Lyautey, relevé de notes 1916
5 - Intendant Général Souchal, « l’Intendance Militaire des Troupes de Marine » 1969, pp. 212-213

Source : CSL François DESHORS, commissaire chargé des traditions pour la promotion I.G. LALLIER DU COUDRAY