Né le 30 septembre 1862 à Orléans, Joseph Lallier du Coudray obtient après son baccalauréat une licence de Droit, avant de s’engager en tant que commis auxiliaire dans les armées en septembre 1880.
Après avoir obtenu la place de major au concours, il devient le 1er novembre 1883 élève commissaire des « troupes de la marine » - relevant à cette époque du ministère « de la Marine et des Colonies » - dont l’infanterie coloniale puis l’infanterie de marine seront héritières.
Après avoir travaillé dans les services à Brest et Lorient, il effectue sa première campagne de 1886 à 1888, en temps de paix au Sénégal. A cette occasion ses supérieurs disent déjà de lui qu’il sert de manière très laborieuse et « laisse des regrets dans toutes les administrations qu’il quitte » (1), impression confirmée par la suite dans ses affectations à Saint Pierre et Miquelon, Paris ou Dahomey. A ce titre, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur, en 1896.
Administrateur militaire dévoué, précieux collaborateur de Galliéni à Madagascar.
C’est en 1897, en tant que commissaire adjoint, que Joseph Lallier du Coudray est affecté pendant quatre ans à Madagascar, île où ses talents d’administrateur seront véritablement reconnus.
Auprès du Général Galliéni, il est nommé premier directeur des affaires civiles au moment où celles-ci sont disjointes des affaires militaires. Il s’y consacre pleinement, si bien que le Général le propose au grade d’officier de la Légion d’Honneur en le présentant comme « un collaborateur des plus précieux ».
Dans ce « pays neuf et encore incomplètement pacifié », il réussit la prouesse de mettre en place un système fiscal performant et d’établir une comptabilité exacte ; Galliéni lui reconnaît les « heureux résultats acquis relativement aux finances.» (2)
Aux côté des troupes, il rejoint l’intendance militaire et dirige l’intendance de la Ve armée aux débuts de la Grande Guerre, avec un soin constant du bien être des soldats.
Il exerce ses fonctions d’intendant aux côtés des troupes de juillet 1905 à septembre 1907 ; c’est à son retour en métropole en 1908 qu’il choisit de rejoindre l’intendance militaire.
Il devient alors membre du comité technique de l’intendance ainsi que directeur du service de l’intendance du corps d’armée des troupes coloniales et est nommé Intendant Général le 23 mars 1912.
Lorsque débute la Grande Guerre, il est affecté à la Ve Armée et est hautement apprécié au front de France d’août 1914 à août 1915 où il est remarqué pour « sa préoccupation constante du bien être de la troupe, ainsi que de la prompte et judicieuse expédition des affaires » (3).
Appelé par Lyautey, il excelle dans la gestion de l’effort de guerre au Maroc.
Sa réputation le précédant, le général Lyautey, se rappelant « l’oeuvre d’organisation qu’il avait accomplie dans le même poste auprès du général Galliéni » (4), le demande en 1915, au poste de secrétaire général du protectorat à la Résidence Générale de France à Rabat (Maroc).
Dans le contexte très difficile de la prolongation de la guerre imposant une activité intense, il est confronté à deux problèmes majeurs : la pénurie de personnel spécialisé et les difficultés croissantes d’approvisionnement.
Malgré cela, il s’impose par son autorité, sa bienveillance, sa droiture et son esprit de conciliation ainsi que par son sens particulier des questions financières ; le travail accompli lui vaut l’estime de tous.
Le 11 juin 1917, il sera cité à l’ordre de la Ve Armée, au titre de la Division des Étapes et des Services : « A ses services antérieurs aux colonies, a ajouté de nouveaux titres par l’esprit d’initiative et d’organisation avec lesquels il a su diriger le service de l’intendance d’une armée, et obtenir de son personnel le maximum de rendement. »
A son tour, le Général Lyautey reconnaîtra ses mérites, en mentionnant sur sa notation de 1917 que « si le Maroc a puissamment servi la métropole au cours de cette guerre par la contribution de ses ressources de tout ordre, c’est à lui, en grande partie qu’il faut en attribuer les mérites. Ce sont de vrais services de guerre qu’il a rendus ici et il mérite une haute récompense. » A ce titre, il sera fait Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1918.
En 1919, il est placé à disposition du ministre de la guerre et admis au cadre de réserve.
Âgé de 77 ans au début de la Seconde Guerre Mondiale, ses services ne sont pas requis pour le soutien des armées engagées contre l’Allemagne. Il décède à Marseille le 29 novembre 1959.