Promotion E.A.M. N° 2 “ Opération DAGUET ” 2011 - 2012 |
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« A 6 heures du matin, un militaire s’éveille. Il est dans le désert et c’est encore la nuit pour les soldats de l’opération Daguet. Le commissariat lui a fourni son sac de couchage et son lit de camp. Le soldat va faire sa toilette : le commissariat a fourni les cabines sanitaires, les lavabos, les douches. A 6h30, le soldat enfile le treillis que le commissariat lui a fourni. A 6h45, il prend un petit déjeuner cuisiné par les combattants du soutien.
Il est 7 heures, le soleil s’est levé et, grâce aux hommes du commissariat, dix milles soldats français commencent ainsi leur journée. »
Ces quelques mots furent prononcés par le général Janvier commandant la division DAGUET à l’occasion de l’ouverture du cours de logistique à l’École Militaire de Paris.
Le 2 août 1990, l’Irak de Saddam Hussein envahissait le Koweït. En réaction, une force multinationale d’intervention se réunit en Arabie Saoudite. Le 29 novembre 1990, le Conseil de sécurité de l’ONU autorisait l’utilisation de la force pour libérer le Koweït.
La France occupe une place importante dans le dispositif coalisé. Nos forces réunissaient près de quinze mille hommes de l’armée de terre, de la marine, de l’armée de l’air et des services communs.
La participation de la France à la coalition internationale prit le nom d’Opération Daguet ; à sa tête : le général de corps d’armée Michel Roquejeoffre. La France participa à toutes les phases de la guerre.
Quand commença l’offensive aérienne le 17 janvier 1991, l’armée de l’air engagea des dizaines d’aéronefs.
La composante terrestre des forces françaises, réunie au sein de la Division Daguet, passa à l’offensive le 24 février à l’aube. Son objectif : la conquête d’As-Salman à 150 kilomètres à l’intérieur du territoire irakien, à l’extrême ouest du dispositif allié. En face : la 45e division d’infanterie de l’armée irakienne.
Insigne homologué sous le N° G 5339 -
Devise au revers : “ Primo imperare, procurare semper ”
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Après 250 kilomètres parcourus en plein désert, l’aéroport d’As-Salman fut pris dans l’après-midi du 25 février et la ville le 26. Le 28, le cessez-le-feu était proclamé sur l’ensemble du front.
La guerre du golfe fut exceptionnelle. Jamais autant de soldats français n’avaient été déployés aussi loin de la métropole depuis la décolonisation. Aux yeux de certains, la guerre du Golfe était sans grand risque : la technologie, la suprématie aérienne et l’isolement de l’Irak nourrissaient le mythe d’une guerre facile.
La réalité était toute autre.
La rudesse des conditions de vie dans le désert. La menace chimique. L’exposition aux missiles SCUD. Les entraînements quotidiens, sous un ciel rendu noir par le sabotage des puits de pétrole. Les champs de mines. Les milliers de prisonniers. Et l’ennemi dont on ne savait rien mais qu’il fallut assaillir à As-Salman.
Le succès de cette guerre a aussi reposé sur un combat de l’ombre. Un tiers de la force qui fut engagé. Sans les combattants du soutien, les pertes en vie humaine auraient été plus importantes et la guerre aurait eu un tout autre aspect pour les soldats français.
En effet, pendant près de huit mois, il a fallu nourrir les combattants, les habiller, les protéger, les loger, garantir leur hygiène et préserver leur moral. Très rapidement, une logistique de corps expéditionnaire dut être mise en place et, dans l’urgence, projeter des équipements spécifiques adaptés à des conditions climatiques extrêmes.
Pendant l’opération Daguet, le commissariat dut satisfaire des exigences jusqu’alors inconnues. Parfois, les revers furent inévitables.
Cependant, grâce à l’engagement total des corps du soutien, la mission fut toujours remplie.
Avec une rapidité exceptionnelle, 60 000 tenues couleur sable et 40 000 tenues de protection N.B.C. furent livrées. 10 000 lits de camps, 1850 tentes modulaires, 165 cabines sanitaires et 52 cuisines roulantes furent déployées. 200 000 litres d’eau par jour furent livrés aux unités. A la fin de la guerre, plus de 800 000 rations de combats individuelles avaient été distribuées. Chaque jour, des milliers de baguettes de pain sortaient des fours de campagne.
A coté de ces flux logistiques, il fallut maîtriser des flux financiers importants et complexes.
Le soutien contribua à l’exemplarité de notre armée. Les milliers de prisonniers que le soutien prit en charge bénéficièrent du même matériel que nos propres troupes. Ils furent indemnisés dans le strict respect des conventions de Genève. Ces hommes, victimes de la dictature et de la guerre, ne perdirent jamais leur dignité lorsqu’ils furent nos prisonniers.
Le service des essences des armées a assuré le ravitaillement en carburant de milliers de véhicules. Le service de santé des armées arma une chaîne sanitaire performante, fournissant un spécialiste médical pour douze hommes et inaugura la première projection de cellule de soutien psychologique.
Dans l’urgence et malgré les exigences de la guerre moderne, les services du soutien ont permis à l’armée française de remplir sa mission de façon exemplaire.
Les élèves officiers de la Deuxième promotion de l’École d’Administration Militaire se reconnaissent dans l’Opération Daguet : tous les services auxquels ils se destinent s’y sont illustrés.
Vingt ans après, les élèves officiers de la Promotion Daguet rendent hommage à leurs aînés.
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Rédaction : École d’Administration Militaire - Coëtquidan |
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