| Rétabli, il rejoint l’Angleterre. Promu commandant, il prend en novembre 1943 le commandement du 4e bataillon d’infanterie de l’air, futur 2e régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP). En écosse, les 435 hommes du Bataillon du Ciel se préparent à la grande bataille. À une époque où les parachutistes français sont encore tenus à l’écart des opérations, Bourgoin impose avec force leur droit à combattre pour la libération de la France.
Dans la nuit du 10 au 11 juin 1944, en dépit de son handicap, « le Manchot » est largué avec un parachute bleu blanc rouge au-dessus de Saint-Marcel, en Bretagne, où il rejoint ses hommes, premiers engagés sur le sol national. Bourgoin rassemble autour de lui 3 000 maquisards et fixe 85 000 Allemands pour leur interdire l’accès à la Normandie. Le 18 juin, à Saint-Marcel, 2 400 résistants et parachutistes affrontent le double d’effectifs ennemis. Au prix de lourdes pertes, Bourgoin et les FFI permettent la jonction avec l’armée du général Patton. Exaspérés, les Allemands mettent la tête du « Manchot » à prix ; tous les amputés d’un bras en Bretagne sont arrêtés.
En août 1944, il couvre avec son 2e RCP la progression de l’armée alliée en Bretagne : c’est l’opération Spencer. À Saint-Pierre-le-Moûtier, ses « sticks » capturent 3 000 Allemands et s’emparent d’un matériel considérable. C’est ensuite la libération de Vannes, puis de Paris.
Élevé au rang de lieutenant-colonel, Pierre Bourgoin ouvre le défilé militaire des troupes à pieds sur les Champs Élysées devant le général de Gaulle et Winston Churchill, le 11 Novembre 1944. À cette occasion, le 2e RCP reçoit du chef de la France Libre la Croix de la Libération, accompagnée de ces mots : « Formation d’élite qui, sous les ordres du lieutenant-colonel Bourgoin, a eu l’insigne honneur d'être la première unité française à combattre à nouveau sur le sol de la Patrie [...] A eu une grande part dans le succès de l’offensive alliée et a été à l’origine de la libération de la Bretagne. »
Nommé inspecteur des parachutistes en novembre 1944, Bourgoin est démobilisé l'année suivante. En 1949, il devient inspecteur général des chasses pour la France et l’Outre-mer, et est nommé colonel de réserve. Député de Paris à partir de 1958, il seconde la présidence de l’Association de soutien au général de Gaulle.
Éprouvé par la maladie, il démissionne en mai 1970 et s'éteint quelques jours plus tard, le 11 mai, à Paris. II repose à Plumelec (Morbihan), aux côtés de ses hommes.
Son parcours, marqué par le sacrifice et la foi dans la France Libre, illustre pleinement la devise de notre école : « L’audace de servir ». |