Biographie du parrain des promotions, baptisées le samedi 13 décembre 2025
Promotions E.M.A.C.  “ Colonel BOURGOIN ”   Cycle 2025 - 2026
Insigne de la promotion “ Colonel BOURGOIN ”

L’écu reprend la forme traditionnelle des insignes de promotion de l’EMAC. L’épée portant le nom de notre parrain est le symbole du commandement.

Le fond blanc recouvert d’hermines fait référence à la Bretagne et plus particulièrement au maquis de Saint-Marcel, lieu où il a été parachuté et a combattu en juin 1944 avec son état-major et une compagnie lors des opérations de la bataille de Normandie, pour encadrer la résistance et fixer les troupes allemandes.

La Croix de Lorraine rappelle que notre parrain est membre de l’Ordre de la Libération. L’insigne des SAS, une banderole frappée de l’épitaphe « who dares wins » surmontée d’un glaive ailé sur fond noir, couleur des opérations spéciales, évoque son appartenance à cette unité et notamment au 4e régiment du Special Air Service qu’il commandera à partir de novembre 1943.

La Grand-croix de la Légion d’honneur correspond à la plus haute distinction décernée à notre parrain.

Colonel Pierre-Louis Bourgoin,
parrain de la 6e promotion de l’École Militaire des Aspirants de Coëtquidan.
Né le 4 décembre 1907 à Cherchell en Algérie, Il effectue son service militaire au 3e régiment de tirailleurs algériens en tant que sous-lieutenant de réserve, en 1929.

À l’été 1940, lieutenant de réserve, il prend part au ralliement de l’Oubangui-Chari à la France Libre. Incorporé au bataillon de marche n°2 du commandant de Roux, il y commande le Groupe franc. Condamné à mort par le régime de Vichy pour faits de résistance, il est promu capitaine dans la foulée.

En juin 1941, il se distingue lors de la campagne de Syrie, où il est blessé par un éclat d’obus. Passé au Groupe de bombardement Lorraine, intégré à la Spécial Air Service Brigade (SAS), il prend part à la campagne de Libye à la tête de l’échelon terrestre, menant raids et sabotages sur les arrières ennemis et les aérodromes allemands. Il y est blessé par balle au genou et subit un accident d’avion. Malgré ces épreuves, il effectue son stage commando parachutiste pour être affecté aux services secrets britanniques.

Spécialiste du sabotage et du renseignement, il conduit des missions spéciales en Tunisie. Le 23 février 1943, lors d’un coup de main derrière les lignes ennemies, il est grièvement blessé par le mitraillage d’un avion ennemi. Meurtri de trente-sept blessures, Bourgoin traverse le désert en solitaire pour être secouru par une patrouille britannique. Amputé du bras droit, il met sept mois à retrouver la condition nécessaire pour reprendre le combat. A l’hôpital déjà, il recrute de nouveaux volontaires pour les parachutistes : rien ne peut éteindre sa flamme combattante.

Rétabli, il rejoint l’Angleterre. Promu commandant, il prend en novembre 1943 le commandement du 4e bataillon d’infanterie de l’air, futur 2e régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP). En écosse, les 435 hommes du Bataillon du Ciel se préparent à la grande bataille. À une époque où les parachutistes français sont encore tenus à l’écart des opérations, Bourgoin impose avec force leur droit à combattre pour la libération de la France.

Dans la nuit du 10 au 11 juin 1944, en dépit de son handicap, « le Manchot » est largué avec un parachute bleu blanc rouge au-dessus de Saint-Marcel, en Bretagne, où il rejoint ses hommes, premiers engagés sur le sol national. Bourgoin rassemble autour de lui 3 000 maquisards et fixe 85 000 Allemands pour leur interdire l’accès à la Normandie. Le 18 juin, à Saint-Marcel, 2 400 résistants et parachutistes affrontent le double d’effectifs ennemis. Au prix de lourdes pertes, Bourgoin et les FFI permettent la jonction avec l’armée du général Patton. Exaspérés, les Allemands mettent la tête du « Manchot » à prix ; tous les amputés d’un bras en Bretagne sont arrêtés.

En août 1944, il couvre avec son 2e RCP la progression de l’armée alliée en Bretagne : c’est l’opération Spencer. À Saint-Pierre-le-Moûtier, ses « sticks » capturent 3 000 Allemands et s’emparent d’un matériel considérable. C’est ensuite la libération de Vannes, puis de Paris.

Élevé au rang de lieutenant-colonel, Pierre Bourgoin ouvre le défilé militaire des troupes à pieds sur les Champs Élysées devant le général de Gaulle et Winston Churchill, le 11 Novembre 1944. À cette occasion, le 2e RCP reçoit du chef de la France Libre la Croix de la Libération, accompagnée de ces mots : « Formation d’élite qui, sous les ordres du lieutenant-colonel Bourgoin, a eu l’insigne honneur d'être la première unité française à combattre à nouveau sur le sol de la Patrie [...] A eu une grande part dans le succès de l’offensive alliée et a été à l’origine de la libération de la Bretagne. »

Nommé inspecteur des parachutistes en novembre 1944, Bourgoin est démobilisé l'année suivante. En 1949, il devient inspecteur général des chasses pour la France et l’Outre-mer, et est nommé colonel de réserve. Député de Paris à partir de 1958, il seconde la présidence de l’Association de soutien au général de Gaulle.

Éprouvé par la maladie, il démissionne en mai 1970 et s'éteint quelques jours plus tard, le 11 mai, à Paris. II repose à Plumelec (Morbihan), aux côtés de ses hommes.

Son parcours, marqué par le sacrifice et la foi dans la France Libre, illustre pleinement la devise de notre école : « L’audace de servir ».

Rédaction et droits : École Militaire des Aspirants de Coëtquidan (E.M.A.C.)