Statue “Notre–Dame des camps de concentration”            
Promotion E.S.M. N° 130  “ VEILLE AU DRAPEAU ”   1943

  Notre–Dame des camps de concentration

  Cette statue en chêne haute de 65 cm est dédiée à tous les déportés. Elle a été commandée en 1994 par le général André ROGERIE à un sculpteur de DINAN : Jean Luc BRANDILY. Elle porte une robe rayée et un fichu de déportée et ses pieds nus écrasent une croix gammée brisée.

  Offerte au musée du souvenir des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, elle a été inaugurée le 22 avril 2009 par le général de division Nicolas de LARDEMELLE commandant les Écoles et le général d’armée Jacques SERVRANCKS (promotion Nouveau Bahut 1945-1947), en présence d’une délégation de cadres et élèves des Écoles.

  Le général André ROGERIE (promotion Veille au Drapeau 1943) est né le 25 décembre 1921. De 1941 à 1943 il prépare Saint-Cyr au lycée Saint Louis à Paris. Il est inscrit en 1943 comme instituteur suppléant de la ville de Paris pour retarder le départ au S.T.O.. Pendant la même période il est membre du Mouvement de résistance « Ceux de la Libération ».
  Muni de faux papiers d’identité, en vue de rejoindre les forces combattantes d’Afrique du Nord, il est arrêté par le Sichereitdienst le 3 juillet 1943 pour tentative de franchissement de la frontière espagnole.
  Interné dans la prison de Dax puis dans les caves de la gestapo à Biarritz, dans la citadelle de Bayonne, au fort du Hâ à Bordeaux et au camp de Royallieu à Compiègne.
  Déporté fin octobre 1943 dans les camps de concentration de Buchenwald, Dora, Maïdaneck, Auschwitz-Birkenau, Gross-Rosen, Nordhausen, Dora (à nouveau) et Harzungen.
  Admis à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, Promotion «Veille au Drapeau» (1943). Régularisation faite au retour de déportation. A suivi la 7e Série de l’École Militaire Interarmes de Coëtquidan en 1946 et a choisi l’arme du Génie à la sortie.

Statue N.D. des camps de concentration
Statue Notre-Dame des camps de concentration
Don du général A. ROGERIE - Sculpteur : J.L. BRANDILY (1994)
(Collection : Musée du Souvenir)

  Le général André Rogerie est l’auteur de nombreux ouvrages dont le premier est “Vivre c’est Vaincre” ; Prix de la mémoire de la Shoah en 1994. Parmi tous ses écrits, il en est un où il relate un épisode marquant de sa vie de prisonnier et qui nous amène au protecteur de la paroisse militaire de Coëtquidan : le Bienheureux Charles de Foucauld. (1)

  En voici l’extrait : En souvenir de Charles de Foucauld...

  Quand j’étais enfant je voulais devenir officier pour défendre le droit, la justice et la liberté. J’avais naturellement des héros favoris et l’un d’entre eux rassemblait sur sa personne tout ce que j’admirais, Charles de Foucauld.
  Saint-Cyrien, explorateur, ermite, catholique et martyr. Tout était admirable pour mon esprit d’enfant.
  J’avais été très impressionné par un événement survenu au moment de sa mort, quand il fut assassiné le 1er décembre 1916, sur le plateau de Tamanrasset. En effet quelques jours après, le 21 décembre, le Capitaine de La Roche vint reconnaître le corps et après lui avoir rendu les honneurs militaires il pénétra dans l’ermitage. En remuant les objets épars qui se trouvaient là, il aperçut un ostensoir contenant une hostie consacrée qu’il recueillit avec beaucoup d’émotion. Il ramena cette hostie dans son cantonnement et ayant revêtu sa grande tenue avec ses gants blancs, il se communia lui-même face à l’immensité du désert.
  Pour bien comprendre ce geste grandiose, il faut savoir qu’à cette époque-là, toucher une hostie consacrée quand on n’était pas prêtre, c’était commettre une faute. Dans ce cas particulier il y avait bien sûr une attitude très respectueuse qui loin d’être répréhensible revêtait au contraire un sens d’une grande vénération.
  Mon cœur d’enfant imaginait cette scène extraordinaire, je voyais en plein désert, ce capitaine de spahis en grand uniforme, au garde-à-vous, prenant l’hostie dans ses mains revêtues de gants blancs et communiant solitaire, face à Dieu, devant l’immensité.
  Le 1er avril 1945, au camp d’Harzungen, je commençais mon dix-huitième mois de camp de concentration, je vis venir à moi un bagnard comme moi. En s’approchant il me dit : « Je m’appelle Jean de Sesmaison, je suis de la promotion la Croix de Provence. c ‘est aujourd’hui le jour de Pâques, veux-tu communier ? » Comme tout acte religieux était interdit, ce geste était naturellement clandestin et l’hostie qu’il m’offrait était grosse comme une tête d’épingle. Maladroitement je la fis tomber par terre et je fus dans l’impossibilité de la retrouver.
  Mon camarade me donna une seconde hostie, et je communiais, moi aussi, solitaire dans la promiscuité, dépenaillé et sale dans ma misère, face à Dieu dans le dénuement.

Général A.Rogerie - Promotion « Veille au Drapeau »

Prière
Statue : Notre-Dame des camps de concentration, 1er étage Musée du Souvenir

Notre Dame
des
camps de concentration

Vous qui avez assisté à la crucifixion de votre fils,
              Notre Seigneur Jésus-Christ,
intercédez auprès de Lui pour qu’il fasse participer à Sa gloire éternelle tous ceux et toutes celles qui ont tellement souffert dans les camps de concentration nazis :
- ceux et celles qui ont été battus, avilis, torturés ;
- ceux et celles qui sont morts de froid, de faim, de maladie ou de misère;
- ceux et celles qui ont été fusillés, décapités, crucifiés ou pendus.
Que Notre Seigneur accepte leur vie et leur mort pour Sa glorification.
Que Son royaume advienne en toute gloire pour le salut et la paix du monde.

Son visage doux et triste, une robe rayée et un fichu de déportée, tenant la croix bien serrée sur son cœur, ses pieds nus écrasant une croix gammée qui est brisée. Tant de symboles transformés en prière.
Sculpteur J.L. Brandily © A. Rogerie 1994

Cette prière est inspirée du testament d’Edith Stein *.
  Testament d’Edith Stein :
Je prie le Seigneur qu’il accepte pour Sa gloire et glorification et ma vie et ma mort pour toutes les intentions de l’Église.. que Son royaume advienne en toute gloire pour le statut de l’Allemagne et la paix sur la terre.
Prière à Notre-Dame des camps de concentration :
  Que Notre Seigneur accepte leur vie et leur mort pour sa glorification. Que son royaume advienne en toute gloire pour le salut et la paix du monde.
* Edith Stein, philosophe allemande, (1891-1942). Au carmel, Sœur Thérèse Bénédicte de la Croix. Arrêtée au carmel d’Echt, en Hollande, parce qu’elle était Juive. Déportée immédiatement au camp d’Auschwitz et exterminée le 9 août 1942 dans une chambre à gaz. Béatifiée le 1er mai 1987 par le Pape Jean-Paul II. Canonisée le 10 octobre 1998.
(1) Voir l’historique de la paroisse militaire Charles de Foucauld, sur ce même site : Cliquer ici !